Sur cette parution, un tout nouvel encart qui va s’adjoindre à notre revue de presse sur « la justice ».
Le titre saisissant (divers/Justice – Terrestre ou marine, l’origine du trésor de Lava fait débat devant le tribunal correctionnel de Marseille) est sans ambages.
Sachez que l’éditorialiste (présenté sous le nom d’anonymat
) est positivement connu.
Vous pouvez par conséquent donner du crédit à cette parution.
L’éditorial a été diffusé à une date notée 2024-01-29 15:10:00.
L’article :
Inestimable. C’est le nom du film, inspiré de l’histoire du trésor de Lava, sorti sur grand écran en novembre 2023.
Deux mois plus tard, loin des salles obscures, un autre type de comédie se joue au tribunal correctionnel de Marseille. Dans les rôles principaux, Félix Biancamaria et Jean-Michel Richaud, tous deux jugés depuis hier matin pour « recel » et « détention » d’un plat en or, daté du IIIe siècle de notre ère et estimé jusqu’à huit millions d’euros.
Démêler les différentes versions du récit de l’origine du pactole romain, découvert en 1985
D’extraits de dialogues en scenarii évolutifs, la présidente Laure Humeau a tenté de démêler les différentes versions du récit de l’origine du pactole romain, découvert en 1985 par des pêcheurs d’oursins, à quelques kilomètres au nord d’Ajaccio. Félix Biancamaria, l’un des prévenus, en a même fait un livre.
Le plat, niché au cœur d’un rocher « sous l’eau », soulevé à l’aide d’un cric de char AMX-30
Et la présidente ne s’est pas privée du plaisir d’en lire quelques passages, notamment celui où il explique comment il a extrait le plat, niché au cœur d’un rocher « sous l’eau« , soulevé à l’aide d’un cric de char AMX-30. « Le livre, c’est de la fiction, ce n’est pas moi qui l’ai écrit, je l’ai même pas lu ! a-t-il renié l’œuvre, les deux mains plantées sur le pupitre. J’ai trouvé le plat sur terre, pas dans l’eau.«
Si le trésor est immergé, il appartient intégralement à l’État
La nuance n’est pas un détail, au contraire, elle est un des arguments clé de la défense. Si le trésor est immergé, il appartient intégralement à l’État. Mais d’après Mes Amale Kenbib et Anna-Maria Sollacaro, le plat en or est issu d’un site romain implanté proche du golfe et non d’une galère ayant navigué au large de la Corse il y a 1 700 ans.
Sa présence sur la côteL serait due à un éboulement. « Le plat porte les stigmates d’une conservation sous-marine« , objecte Frédéric Leroy, directeur adjoint du Département des recherches archéologiques sous-marines et subaquatiques (Drassm), malmené à la barre par les avocates.
Et si aucune analyse poussée n’a été effectuée, le chercheur l’affirme : « Aucune piste ne permet d’envisager une origine terrestre. » Une hypothèse à laquelle les témoins cités par la défense ont opposé leurs propres observations, égratignant le département dépendant du ministère de la Culture au passage. « Cette histoire me fait penser à un règlement de comptes de la part du Drassm, estime Stephan Legallais, photographe spécialiste des épaves. Il n’y a pas eu de naufrage. » Pas de naufrage, pas d’épave. Pas d’épave, pas de pillage de bien culturel maritime.
Repartir du tribunal, le plat en or daté de l’empereur Gallien sous le bras
Car pour Félix Biancamaria, outre l’obtention de la relaxe, l’enjeu de ce procès est bel et bien de repartir du tribunal, le plat en or daté de l’empereur Gallien sous le bras. Ou dans un sac de sport orange, ainsi qu’il le transportait en 2010 lors de son interpellation à la gare TGV de Roissy.
L’homme aujourd’hui âgé de 67 ans, revenait alors de Bruxelles, après une vente avortée de la pièce maîtresse du trésor. D’après ses déclarations de 2010, le plat lui avait été remis par Jean-Michel Richaud, prévenu à ses côtés aujourd’hui. « C’est mon ancien avocat qui m’a dit de dire ça« , déclare-t-il au tribunal qui tente, tant bien que mal, de retracer le parcours du plat vraisemblablement passé de main en main, de sa sortie des eaux corses, en 1986, à sa remise au Drassm en 2010.
Après neuf heures d’audience et à peu près autant de versions différentes, la présidente Humeau, d’abord amusée, finit par perdre patience quand Félix Biancamaria explique que les échanges avec Jean-Michel Richaud ne concernent pas la vente du plat romain, mais d’une Rolex. « J’étais à Monaco pour vendre le plat et récupérer une commission au passage, révèle l’ami d’enfance de l’inventeur du trésor, 68 ans, qui a quitté la casquette brodée de ses initiales pour s’adresser aux juges. La vente ne s’est pas faite car je n’ai pas pu montrer le plat puisque je ne l’avais pas. »
Michel L’Hour ne jouera pas les témoins surprise
Non cité mais assis au fond de la salle, Michel L’Hour ne jouera pas les témoins surprise.
Relégué au rang de spectateur, l’ancien directeur du Drassm qui a voué sa vie à la recherche du plat, assiste, en silence, au déballage d’une histoire dont il détient, lui aussi, sa propre version.
Les débats se poursuivent ce mardi 30 janvier, la décision du tribunal devrait être mise en délibéré.
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Petit traité de l’écrit judiciaire 2008-2009,(la couverture) .