Nous sommes heureux de vous informer que le dernier numéro de la revue est désormais disponible et comprend les contributions suivantes :
Markus Burgstaller et Dmytro Galagan, Faute contributive dans l’arbitrage international d’investissement
En règle générale, si un État commet un acte illicite, il est tenu de réparer intégralement le préjudice causé. Pourtant, les tribunaux arbitraux ont eu recours à la doctrine de la faute contributive pour réduire le montant des dommages-intérêts accordés à l’investisseur pour violation d’un traité d’investissement par l’État. Cet article analyse quinze affaires d’arbitrage dans lesquelles le défendeur a soutenu que le demandeur avait contribué à son préjudice, soit en raison du mauvais jugement commercial de l’investisseur, soit parce que le comportement de l’investisseur avait provoqué la conduite illicite de l’État. L’analyse montre que les tribunaux arbitraux ont justifié leur décision de réduire le montant de l’indemnisation jusqu’à 50 % par un raisonnement étonnamment bref et se sont plutôt appuyés sur leur large marge d’appréciation. L’article examine les pistes possibles pour remédier aux lacunes de la pratique arbitrale en matière de faute contributive, à la fois par la réforme du règlement des différends entre investisseurs et États et par des solutions pratiques qui peuvent être adoptées par les tribunaux arbitraux lorsqu’ils examinent les allégations de faute contributive.
Patrick Dumberry, Une étude empirique sur la manière dont les tribunaux interprètent les clauses FET autonomes concernant leur relation avec le MST et comment cela affecte les conclusions sur la responsabilité
Cet article fournit la première étude empirique depuis le rapport de la CNUCED de 2012 sur la manière dont les tribunaux ont traité un type spécifique de clause de traitement juste et équitable (FET) : les clauses autonomes ne contenant aucune référence au droit international ou à toute autre norme. La grande majorité des décisions n’ont pas pris position sur la question de savoir si cette norme offre un niveau de protection identique ou différent par rapport à la norme minimale de traitement (MST) en vertu de la coutume. Pourtant, celles qui l’ont fait ont conclu de manière écrasante que la clause doit être interprétée comme ayant un caractère autonome, sans rapport avec le MST. Ces tribunaux ont également donné une interprétation large de la portée et du contenu de la clause, ce qui a eu un impact sur la manière dont ils ont traité les questions de responsabilité et d’indemnisation. Le taux de réussite des demandes de FET est plus élevé pour les tribunaux qui ont expressément déclaré qu’une clause FET autonome a un caractère « autonome » par rapport aux autres qui n’ont pas pris position sur cette question (deux tiers contre 50 %). Il convient de noter que le taux de réussite global des demandes de TJE en vertu d’une clause autonome (50 %) est beaucoup plus élevé que celui des sentences examinant les clauses de TJE où la norme est expressément liée au MST.
Rouven F Bodenheimer, L’approche visualisée du Tribunal : améliorer les procédures grâce à la présentation de cas visualisés
L’efficacité de l’arbitrage international est depuis longtemps controversée, car les avantages promis ne se matérialisent souvent pas, ce qui conduit à l’insatisfaction des utilisateurs. Malgré les débats en cours et les innovations procédurales, des inefficacités sous-jacentes persistent. Bien que les outils existants visent à rationaliser les procédures, ils négligent souvent les causes profondes de l’inefficacité, notamment la tendance des parties et des avocats à se concentrer sur l’applicabilité et à donner la priorité au droit de présenter leur cas dans toute sa splendeur, craignant que l’efficacité ne compromette la qualité. Cet état d’esprit, associé à l’incertitude quant à la préparation des arbitres, conduit à des soumissions gonflées et à des procédures prolongées. Dans cet article, l’auteur, s’appuyant sur une vaste expérience, propose l’approche visualisée du tribunal (Trivis), qui utilise des représentations visuelles détaillées par les arbitres pour améliorer la confiance entre les parties et accélérer le règlement des litiges. La méthode Trivis permet de lutter contre l’inefficacité en améliorant la clarté et la transparence grâce à des aides visuelles, favorisant ainsi la coopération et la confiance dans l’arbitrage qui sont essentielles pour améliorer l’efficacité du règlement des litiges internationaux.
Alberto Jonathan Maia, L’impartialité des arbitres en droit brésilien : une approche intersectionnelle entre l’arbitrage, l’économie et la psychologie
Cet article traite de l’impartialité de l’arbitre dans une perspective intersectionnelle, en s’appuyant sur le droit procédural, l’économie et la psychologie. L’impartialité peut être analysée sous ses différents aspects (esthétique, subjectif multidirectionnel, objectif, évaluatif et normatif). Le sujet a fait l’objet d’intenses débats dans les milieux universitaires et judiciaires et, à travers cette étude, nous entendons contribuer au débat en démontrant que l’arbitre doit posséder un engagement continu et permanent à préserver et à cultiver l’impartialité.
Carlos A. Matheus López, Une nouvelle proposition conceptuelle et applicable sur l’indépendance et l’impartialité de l’arbitre
Cet article aborde la question importante de l’indépendance et de l’impartialité de l’arbitre. J’analyse l’état actuel de ce concept, en observant les efforts qui ont été faits par le biais du soft law pour sa gestion et son application pratique. Ensuite, j’avance quelques nouvelles propositions conceptuelles sur la question, en soulignant qu’il s’agit d’un concept hybride, et que – en utilisant la distinction de Ronald Dworkin – il fonctionne plus comme un principe que comme une règle. Enfin, je suggère quelques propositions applicables qui découlent de la nature de ce principe. Tout d’abord, je propose un modèle à plusieurs étapes qui nous permet d’analyser un cas concret. Ensuite, dans le cas où le principe d’indépendance et d’impartialité entre en conflit avec un autre principe, je préconise le recours à la mise en balance.